Etude clinique STOP TAG


L'étude STOP-TAG est une évaluation scientifique visant à comparer la cure thermale psychiatrique à un traitement de référence dans le trouble anxiété généralisée (TAG) qui touche environ 5 à 7 % de la population générale sur la vie entière.

Cette étude a été menée par 4 centres thermaux nationaux ayant cette indication thérapeutique :
Bagnères de Bigorre, Néris les Bains, Saujon et Ussat les Bains. Ce travail a été réalisé sous l'égide de deux unités INSERM, l'une représentant la psychiatrie et l'autre représentant le domaine de l'épidémiologie et de l'évaluation médicale.

La méthode d'évaluation a été également validée par la Haute Autorité de Santé.

Les patients ont été recrutés par des médecins habitants près des stations thermales. Tous les patients présentaient un TAG. Ils ont fait l'objet d'évaluations régulières pendant toute la durée de leur suivi par un médecin investigateur, indépendant, formé et encadré par les unités INSERM précitées.

Les patients qui ont intégrés le protocole étaient tirés au sort pour être inclus soit dans le groupe A où ils étaient alors traités pendant 3 semaines par une cure thermale, soit dans le groupe B où ils étaient traités pendant 8 semaines par un traitement de référence de ce trouble anxiété généralisée à savoir la Paroxétine au dosage recommandé.

L'ensemble des patients des deux groupes a eu un suivi de 8 semaines (2 mois), prolongé jusqu'à  24 semaines (6 mois).

237 patients présentant un TAG ont ainsi fait l'objet d'un suivi régulier sur 24 semaines. L'étude a consisté à évaluer les patients au temps de départ, puis tous les mois et principalement aux temps de 8 et 24 semaines, qui ont été les temps de référence. Le protocole a suivi exactement celui utilisé pour toutes les études qui ont permis à des traitements médicamenteux d'obtenir leur validation dans cette indication thérapeutique.

Le protocole s'est déroulé dans le respect des conditions imposées par les scientifiques. Les patients ont scrupuleusement suivi les soins. Il n'y a eu aucun dysfonctionnement notable dans l'évaluation.

Résultats de l'étude STOP-TAG

Les résultats à S8 sont très nettement favorables au groupe cure thermale puisque l'amélioration constatée dans le groupe cure thermale est de 50,12 %, alors qu'elle n'est que de 35,6 % dans le groupe Paroxétine ; cela représente une supériorité de 44 % en faveur de la cure thermale. Cette différence d'efficacité est confirmée à plusieurs temps de l'évaluation.

De plus, on constate que plus les patients présentent un TAG sévère, plus la cure se révèle efficace par rapport au groupe médicament.

On constate également que les dépressions du groupe cure sont nettement plus améliorées que celles du groupe Paroxétine. Très spectaculaire aussi est le pourcentage de patients améliorés de plus de 50 % : ils sont 56 % pour le groupe cure thermale contre 28 % (c'est-à-dire deux fois moins) pour le groupe Paroxétine. Les patients améliorés de plus de 30 % à 8 semaines sont 83 % dans le groupe cure (57 % dans le groupe Paroxétine), c'est-à-dire que 8,3 patients sur 10 qui font une cure sont améliorés à deux mois de plus de 30 %.

Les patients considérés comme guéris à 8 semaines, c'est-à-dire ayant moins de 7 points à l'échelle d'évaluation (où ils avaient en moyenne 25 points initialement) sont 22 % pour le groupe cure thermale (7 % pour le groupe Paroxétine). Différences considérables qui montrent l'importance de l'efficacité de la cure thermale.

Résultats de l'étude Stop-Tag

Quelle est la durée d'action de cette efficacité
et le profil évolutif des patients répondeurs ?

L'étude donne d'importantes informations sur l'évolution des patients en cure thermale.

La cure dure 3 semaines. L'amélioration constatée à 4 semaines, c'est-à-dire peut de temps après la fin de la cure, est nettement moins importante que celle constatée à 8 semaines. C'est-à-dire que l'effet obtenu se renforce entre la fin de la cure et un mois après la fin de celle-ci. Il y a donc un effet en profondeur, une action thérapeutique qui se consolide avec le temps. Au-delà de 2 mois, l'action régresse très doucement jusqu'à 6 mois,  mais les résultats que nous rencontrons à 6 mois, sont encore comparables aux effets rencontrés à 1 mois, c'est-à-dire en fin de cure ! L'effet cure dure donc au moins 6 mois en moyenne.

L'étude prouve donc qu'il existe un effet à court terme qui est nettement moins marqué que celui à moyen terme (2 mois) et qui est comparable à celui obtenu à long terme (6mois).

Les effets secondaires

Cette étude démontre aussi l'intérêt des soins thermaux par rapport au médicament de référence pour éviter les effets indésirables.

Ainsi, seulement 66 effets indésirables ont été rencontrés dans le groupe cure thermale contre 148 dans le groupe Paroxétine. De plus, les effets indésirables de la Paroxétine sont plus durables dans le temps et de plus grande sévérité.

Autres conclusions de cette étude

Cette étude apporte d'autres informations, en particulier le fait que l'action de la cure est identique sur les symptômes physiques et sur les symptômes psychiques que l'on rencontre dans l'anxiété. Contrairement aux études faites à partir des médicaments dont l'action est surtout nette sur les symptômes psychiques davantage que sur les symptômes physiques.

La cure n'agit donc pas que sur les régions périphériques (les muscles, les articulations), mais bien sur l'ensemble du système nerveux. L'action est globale ; elle est également centrale et passe manifestement par le système nerveux central, ce qui explique la réduction globale de tous les symptômes.

Une autre remarque consiste à dire que la cure, est l'association des soins thermaux et d'une prise en charge en station. Dans l'étude réalisée, il faut préciser que les patients, vivant sur place, n'étaient pas "extraits" du cadre de vie habituel et n'avaient pas de changement fondamental de leurs conditions de vie puisqu'ils rentraient après leurs soins, soit au bout d'une heure et demie environ, à leur domicile, où ils reprenaient leur vie normale. On ne peut donc attribuer leur amélioration à autre chose qu'à l'association de ces soins thermaux et de l'environnement médicalisé. Mais nul doute que dans un grand nombre de cas l'éloignement du domicile doit représenter un facteur thérapeutique supplémentaire.

Quelles extensions peut-on faire à partir de cette étude
sur l'action du thermalisme psychiatrique ?

Il ressort de cette étude que manifestement d'autres pathologies que le trouble anxieux peuvent bénéficier de la prise en charge en cure thermale :


  • Bien évidemment toutes les pathologies liées directement à l'anxiété c'est-à-dire les troubles du sommeil, les troubles douloureux fonctionnels (toutes les douleurs favorisées par un état de fatigue, de stress ou de dépression), en particulier les troubles digestifs, les troubles articulaires ou musculaires dès lors qu'ils présentent un caractère variable, fluctuant dans le temps, les sensations d'épuisement lié à une fatigue chronique, etc…


  • Nous l'avons vu, les états dépressifs, dès lors qu'ils sont réactionnels, favorisés en particulier par une anxiété prolongée ou par des situations de séparation, de rupture, d'échec et que leur sévérité ne nécessite pas d'hospitalisation, répondent favorablement aux cures thermales. Dans l'étude réalisée ici, on constate des résultats remarquables et même supérieurs au traitement de référence sur les états dépressifs réactionnels.


  • D'une manière générale, tous troubles de l'adaptation, tous troubles liés aux changements, à un sentiment d'insécurité, dès lors qu'ils sont prolongés et qu'ils ne justifient pas une hospitalisation, peuvent bénéficier de cette modalité de prise en charge à la fois du fait de la rupture que cette thérapeutique crée, de la détente et de l'anxiolyse obtenues par les soins et la psychothérapie ainsi que de l'éloignement qui permet d'obtenir une prise de distance, une remise à plat, une réflexion psychologique sur les problèmes rencontrés.


  • Par ailleurs le thermalisme se révèle dans cette étude très intéressant pour prendre en charge les problèmes de surconsommation médicamenteuse. Ainsi de nombreux patients présentant un trouble anxieux ont une tendance à la consommation excessive de médicaments anxiolytiques et hypnotiques en particulier, la cure peut permettre à la fois un étayage psychologique important et également la substitution du traitement médicamenteux puisqu'elle permet de réduire l'anxiété. Il est donc naturel d'envisager de pouvoir sevrer des patients de leurs médicaments à l'occasion de séjours en cure thermale.

Quels sont les effets indésirables les plus fréquemment rencontrés ?

Les effets indésirables les plus fréquemment rencontrés sont, tel que l'étude STOP-TAG le démontre, la fatigue (mais il s'agit ici d'une fatigue de transition qui est liée au relâchement et à la récupération ; elle est donc favorable et nécessaire à la guérison) ; l'insomnie, des réactions douloureuses en début de cure ; des réactions dermatologiques et, parfois, à la sortie des bains bouillonnants, des sensations de malaise.

On notera que tous ces effets sont  généralement d'une grande banalité, qu'ils sont passagers, qu'ils arrivent principalement entre la première et la deuxième semaine, qu'ils s'estompent en troisième semaine et qu'ils disparaissent généralement totalement à la fin de la cure.